EDUCATION INTERDISCIPLINAIRE, EDUCATION À L’IMAGE
à travers des RANDOS PHOTOS avec une immersion de 2 jours en montagne -
une expérience FORTE 

créativité, curiosité, défis physiques, partage, esprit d’aventure
et de solidarité sont sollicités pour apprendre à apprécier son environnement, la nature et s’y émerveiller…


Chaque année, dans la vallée de Massat, depuis 12 ans, l’école de Soulan et l’ancienne école de Boussenac (jusqu’en 2017) célèbrent la rentrée avec une randonnée photos de 2 jours avec nuitée en refuge. La particularité de cette randonnée est son interdisciplinarité, avec un angle particulier, celui d’apprendre à regarder la nature autrement à travers le viseur d’un appareil photo, mais aussi de la ressentir puis de la comprendre à travers la dimension physique (EPS) et les regards naturalistes (biologie et géologie), géographiques et historiques.

Pour chaque enfant, c’est à chaque fois une aventure, un moment de partage, de découvertes, de joies et de stimulations en expérimentant la montagne de multiples façons.

Chaque intervenant (photographe, accompagnateur en moyenne montagne, professeur naturaliste) a ses spécialités, et durant le week-end, outre la photo, les élèves participent à divers ateliers : ils pratiquent l’orientation, la lecture du paysage, l’observation des étoiles, l’observation de la faune et de la flore pour appréhender la biodiversité du milieu montagnard. Ils découvrent la géologie qui a façonné ces milieux, les traces de l'histoire et de l‘évolution de l'économie locale. Ils s'initient au land art et abordent également leur environnement à travers l'imaginaire des contes et de la mythologie grecque…

Avec la photographe, par petits groupes de 3, avec chacun un appareil photo, ils repèrent les notions visuelles étudiées en amont (en classe) pour les photographier. Ils apprennent à observer, ils s’émerveillent, expriment leurs regards, leurs émotions et leur sensibilité visuelle en créant des images à partir de ce qu’ils identifient comme des éléments intéressants à photographier (combinaisons de textures, motifs, géométrie, lumières, tons et contrastes de couleurs, abstraction). Le soir, dans le refuge, on télécharge les photos de la journée, on les sélectionne et on les analyse pour apprendre de ses erreurs et faire un diaporama des plus réussies, visionnées ensuite le lendemain matin… ceci afin d’être plus performant dans les prises de vues de la seconde journée…

L’expérience ne s’arrête pas là. Toutes les nouvelles connaissances expérimentées sur le terrain prennent leurs sens en classe durant le reste de l’année où un ou plusieurs thèmes sont réinvestit dans le programme scolaire.

Au retour de la randonnée, la photographe Sandrine Rousseau vient finir le tri et l’analyse des 1500 à 2000 photos prises pour en sélectionner 100 pour le diaporama, 30 pour l’exposition, et 12 pour le calendrier. On compte généralement une photo réussie et digne d'intérêt sur 10 ! Imprimées en double exemplaire 30x40 cm, sur du beau papier, les photos tapissent ensuite les murs de la classe et de la médiathèque locale. Les 100 à 150 calendriers vendus par les élèves et attendus chaque année dans leur commune crée du lien entre l’école et les habitants. Le profit va à la coopérative scolaire pour financer de nouveaux projets. Les notions visuelles vues en photographie sont réinvesties en art visuel à travers l’étude d’œuvres d’autres artistes ou la productions d'autres réalisations visuelles (films).

Grâce au système des classes uniques à multi-niveaux, les connaissances et compétences sont réinvesties d’une année à l’autre, ce qui permet une évolution et une continuation dans l’apprentissage. Cela prend tout son sens en photographie où le regard s’aiguise au fur et à mesure des prises de vues, de la pratique et de l’analyse des photographies… une compétence importante à développer dans un monde submergé par les images …

Ce projet qui s’est construit et affiné au fil des années a été possible grâce à la synergie de personnes complémentaires qui partagent la même vision de l’éducation et qui ont su trouver la formule juste pour le faire exister en l’intégrant dans le programme scolaire, péri et extra-scolaire. Cette expérience est principalement possible grâce à l’implication du professeur des écoles qui accompagne bénévolement les élèves sur le temps d’un week-end.

Ce projet contribue aussi à :

DEVELOPPER LA CONFIANCE EN SOI

⁃ A travers l’acte de photographier, on permet l’expression à un niveau individuel (la magie du lieu est interprétée en images avec sensibilité, l’émotion est suscitée par la beauté de l’environnement et les enfants s’émerveillent devant leur propre création). L’exposition est une production commune, la somme de chaque regard …

⁃ A travers le goût de l’effort, les enfants apprennent à donner le maximum d’eux-mêmes et se surprennent à se surpasser à travers l’émulation du groupe. Même si l’objectif n’est pas d’aller le plus haut ou le plus loin possible, chaque randonnée a été marquée par un point fort, que ce soit l’ascension d’un pic (le Montcalm en 2017 ou le pic du Crabère en 2018). Cette année, les élèves ont passé le week-end au dessus de la mer des nuages entre les étangs et le pic rouge de Bassies émerveillés par la splendeur du paysage.

⁃ la performance et la condition physique ne s’improvisent pas, c’est chaque semaine, dans le cadre du programme scolaire d'EPS, que les élèves s’entraînent à travers diverses activités physiques (course d'endurance, cross, marche, jeux collectifs). Si pour l'accompagnateur en moyenne montagne les dénivelés et les pierriers sont bien appréhendés, et que ces enfants de 8 à 10 ans sont physiquement agiles et psychologiquement vaillants ; pour le professeur d'école, on a tendance à sous-estimer ce que les enfants peuvent réaliser, il faut leur donner les moyens et les mettre en situation de donner le meilleur d’eux mêmes.

DEVELOPPER L’ESPRIT DE SOLIDARITÉ

⁃ Devant l’inégalité des performances physiques souvent dues aux âges différents des participants, les plus grands apprennent à tenir compte des plus jeunes et des plus lent en les aidant et en les encourageant tandis que les plus jeunes et les plus lents sont tirés vers le haut par la dynamique du groupe qui reste uni quelque soit la difficulté. Cette expérience est unique pour montrer que malgré les différences, on peut atteindre un objectif commun ensemble.

APPRENDRE À RESPECTER L’ENVIRONNEMENT & RESPONSABILISATION

⁃ Pour respecter son milieu de vie, il faut pouvoir le connaître, le comprendre, l’apprécier et l’inscrire dans une globalité, à l’échelle de la Terre. En photographiant un détail minuscule à travers le mode macro de son appareil photo et en s’émerveillant devant ses couleurs subtiles ou surprenantes, les multiples textures trouvées sur les pierres, les dessins abstraits devinés sur les lichens, ou en s’émerveillant devant la multiplicité des formes et couleurs de la montagne ou des arbres reflétés dans l’eau, en les immortalisant comme si c’étaient des peintures abstraites ou expressionnistes, il est ensuite difficile de rester insensible à son environnement.

⁃ De même, l’expérience de se trouver devant un paysage majestueux où les montagnes semblent se décliner à l’infini et de ressentir la force des éléments en étant immergé dans cet environnement naturel et sauvage pendant 2 jours permet de confronter l’échelle de l’être humain à celle de la terre ou de l’univers.
En essayant de retranscrire en image le ressenti procuré par cette expérience « esthétique », on inscrit ensuite ce ressenti à travers l’impression de cette image.

⁃ Après avoir exprimer la beauté d’un lieu à travers la création d’une image, les enfants sont d’autant plus réceptifs à ce même lieu d’un point de vue scientifique : leur curiosité est exacerbée. Les observations et les explications naturalistes sur la faune et la flore prennent tout leur sens et la valeur patrimoniale des espèces rares ou endémiques présentes dans les Pyrénées deviennent évidentes pour les élèves.

DÉMOCRATISER LA MONTAGNE

⁃ Parmi les élèves qui vivent en moyenne montagne, un certain nombre ne va jamais randonner. Il semble important de leur faire connaître l’environnement dans lequel ils vivent d’une autre façon.

INTÉGRER LES COMPÉTENCES DES HABITANTS LOCAUX ET CRÉER DU LIEN – RECONNECTER LE CITOYEN AVEC SON ENVIRONNEMENT.

Rencontrer les gens qui travaillent en montagne et vivent de la montagne : les bergers, les gardiens de refuge, les guides et accompagnateurs en montagne, les gardes forestiers, les gardes de réserves naturelles, les naturalistes... Toutes ces personnes sont des ressources pour apprendre ce qu'est la montagne et enrichir les connaissances des élèves et apprendre à respecter la montagne...
Appréhender l'évolution des relations entre l'homme et la montagne. Les hommes perdent de plus en plus contact avec leur milieu de vie, ils deviennent de plus en plus des humains « hors-sol ». A l'heure où les enjeux environnementaux deviennent prépondérants, il est temps de penser et d'organiser une reconnexion des citoyens et futurs citoyens avec leur environnement.
« Il y a quelques années, on accueillait au refuge entre 500 et 800 élèves par an, mais maintenant, regardez : on est fin septembre et vous étiez la seconde classe cette année !!! »
M Dupuy, gardien du refuge de Bassiès depuis plus de 30 ans.

« En tant qu’artiste photographe travaillant souvent seule ou ailleurs par nécessité, il est important pour moi d’être dans une démarche de transmission et de partage à un niveau local en créant du lien à travers mon approche personnelle de la photographie.¬ » Sandrine Rousseau

« Une année, les élèves ont repris leurs propres photos pour les inscrire dans mes diaporamas pédagogiques afin de faire eux mêmes une présentation powerpoint ‘initiation à la photograhie’ à leurs parents … »

L’APPRENTISSAGE DANS LA DURÉE.

Le souhait serait de commencer à initier les élèves à la photographie dès le premier cycle pour leur permettre d’approfondir et de diversifier leurs connaissances et les pratiques du médium sur plusieurs années.

"Les principales notions plastiques et visuelles abordées pour la photographie peuvent être appréhendées dès la maternelle. En effet, elles sont souvent associées à un travail sur les sens (vue, toucher) directement accessible aux élèves. L'immersion de 2 jours permet de vraiment donner du sens au travail réalisé en amont en classe pour rechercher dans l'espace qui nous entoure des textures, des motifs, des formes. Le travail sur les couleurs inévitable pour les plus jeunes prend alors une nouvelle dimension ; il existe tellement de couleurs vertes dans la nature. Les enfants apprennent également que l'on peut réfléchir avant de photographier, prendre une distance dans le temps, observer différemment. Au cours des deux journées, en parallèle des moments de photos, les enfants partent à la découverte de l'espace qui est fait notre le temps de l'installation du camp. On y cherche des trésors cachés pour des réalisations éphémères de land art en reprenant toujours ces mêmes notions.
Et puis cette expérience incroyable : dormir en plein cœur de la montagne !!"
« Trop petits pour les grands, assez grands pour la vie» Jacques Higelin.
L'immersion sur deux jours, en milieu naturel, avec des professionnels qualifiés permet une qualité de travail et d'apprentissage inégalée. On ne fait pas semblant »
Audrey Camel, école de Soulan,1ER cycle, Camp tipi avec travail préparatoire sur les notions plastiques en amont durant toute l’année scolaire.